Le 20 juin 1847, le roi Leopold
1er inaugure en grandes pompes les Galeries Saint-Hubert. A ses
côtés, un homme savoure particulièrement cet instant. Il s’agit
de Jean-Pierre Cluysenaar, architecte ambitieux et urbaniste
visionnaire qui a eu l’idée de construire ce magnifique passage.
Alors que tous l’entourent pour le féliciter, il se souvient de
ces dix dernières années de luttes incessantes pour que son projet
aboutisse. En effet, ces Galeries, que les Bruxellois surnomment très
vite « le Parapluie de Bruxelles », ne se sont pas
construites sans mal.
Tout
commence en 1837. Bruxelles
est la capitale d’un tout nouveau pays qui connaît alors un
développement industriel et commercial hors du commun. Mais son
centre a gardé son aspect médiéval. Entre le Théâtre de la
Monnaie et la Gand Place, ce ne sont que ruelles et impasses où une
classe prolétaire misérable s’entasse dans des taudis insalubres.
L’artère principale de ce quartier qui va du Marché aux Herbes à
la Montagne aux Herbes Potagères, la Rue Saint-Hubert, n’a que 2
mètres de large. Elle est sordide et mal famée. Cour des miracles
des temps modernes, rares sont ceux qui osent s’y aventurer.
Cluysenaar a l’idée insensée
d’assainir et moderniser ce quartier en y construisant un grand
passage couvert d’une verrière. Il sait qu’il lui faudra l’appui
d’alliés bien placés. Il a fait la connaissance du banquier De
Mot. Il va l’associer à son projet. Ensemble, ils mettent au point
leur stratégie. Il leur faut absolument le soutien des pouvoirs
publics afin d’obtenir les autorisations nécessaires. Toutes ces
formalités vont durer neuf ans. La Société anonyme des Galeries
Saint-Hubert est enfin créée et ses actions se vendent comme des
petits pains à de nombreux investisseurs privés séduits par la
garantie d’un intérêt minimum par les autorités.
49 maisons situées de part et d’autre de la rue Saint-Hubert sont expropriées. Cela prendra du temps et provoquera de nombreux débats. On dit qu’une vielle demoiselle d’origine aisée qui habitait la Maison des Orfèvres située à l’emplacement de l’actuelle entrée côté marché aux Herbes mourut de saisissement et de fureur lorsque l’huissier vint lui annoncer la prochaine démolition de sa maison. Quant au sieur Paneel, barbier de son état, il refusa obstinément de partir et préféra se trancher la gorge avec son rasoir lorsque les deux maisons contiguës à la sienne furent abattues.
Léopold 1er pose la première pierre de l’édifice le 6 mai 1846 alors que la construction est déjà bien avancée et l’inaugure officiellement l’année suivante. Le succès est au rendez-vous. Les Galeries Saint-Hubert sont à la fois les plus longues, les plus hautes, les mieux décorées et les plus lumineuses du monde. Bien que l’entrée soit payante (vingt-cinq centimes les jeudis et dimanches, dix centimes les autres jours), la grande foule se presse et ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que de luxueux magasins spécialisés s’y ouvrent.
49 maisons situées de part et d’autre de la rue Saint-Hubert sont expropriées. Cela prendra du temps et provoquera de nombreux débats. On dit qu’une vielle demoiselle d’origine aisée qui habitait la Maison des Orfèvres située à l’emplacement de l’actuelle entrée côté marché aux Herbes mourut de saisissement et de fureur lorsque l’huissier vint lui annoncer la prochaine démolition de sa maison. Quant au sieur Paneel, barbier de son état, il refusa obstinément de partir et préféra se trancher la gorge avec son rasoir lorsque les deux maisons contiguës à la sienne furent abattues.
Léopold 1er pose la première pierre de l’édifice le 6 mai 1846 alors que la construction est déjà bien avancée et l’inaugure officiellement l’année suivante. Le succès est au rendez-vous. Les Galeries Saint-Hubert sont à la fois les plus longues, les plus hautes, les mieux décorées et les plus lumineuses du monde. Bien que l’entrée soit payante (vingt-cinq centimes les jeudis et dimanches, dix centimes les autres jours), la grande foule se presse et ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que de luxueux magasins spécialisés s’y ouvrent.
En 1857, Jean Neuhaus, pharmacien
d’origine suisse, installe une confiserie qui vend toutes
sortes de bonbons contre la toux dans la Galerie de la Reine. Son
petit-fils, innove en créant des chocolats fourrés aux fruits, aux
pâtes de noix pilées, de crèmes variées. Il les appelle pralines
car leur forme rappelle les noix enrobées de sucre du marquis de
Praslin. Sa femme imagine de les ranger délicatement dans une petite
boîte en carton qu’elle appelle ballotin. Aujourd’hui encore, la
chocolaterie Neuhaus occupe toujours le numéro 23 de la galerie de
la Reine.
Au fil des années,
les galeries Saint Hubert deviennent un centre littéraire
fréquentés par des écrivains tels qu’Alexandre Dumas, Victor
Hugo, Appollinaire ou encore Baudelaire. C’est dans ces galeries
que le 10 juillet 1875, vers 9 heures du matin, Paul Verlaine achète
un revolver dans une armurerie, ivre de douleur et de désespoir.
Plus tard, dans sa chambre de la rue des Brasseurs il retournera
l’arme contre son amant Arthur Rimbaud et fera feu. On connaît la
suite, Verlaine est arrêté et condamné pour blessure sur la
personne du Sieur Rimbaud…
Le 1er mars 1896, au
7 de la galerie du Roi, tous ceux qui sont présents dans les
locaux du journal la Chronique pressentent qu’ils vivent un moment
historique. Quelques jours après Paris, ils assistent à la première
séance publique en Belgique du Cinématographe des frères Lumière.
Au programme, Le Train entre en Gare de la Ciotat, L’Arroseur
arrosé, Le Repas de Bébé. Aujourd’hui encore, grâce à
l’Arenberg, les Galeries restent un haut lieu du cinéma de qualité
à Bruxelles.
Le Théâtre des
Galeries Saint-Hubert, inauguré le 7 juin 1947 était au départ
uniquement destiné à la comédie et au drame. Le Conseil Communal
de Bruxelles avait en effet interdit qu’on y chante ou qu’on y
joue de la musique afin de ne pas concurrencer le Théâtre de la
Monnaie tout proche. Ce n’est qu’à partir de 1860 qu’il reçoit
l’autorisation d’y jouer des opérettes et des revues à grand
orchestre. Va commencer alors une longue série de revues qui feront
courir le Tout-Bruxelles. En 1951, la salle est devenue beaucoup trop
vétuste et ne répond plus aux nouvelles normes de sécurité. Elle
est entièrement reconstruite avec deux vastes balcons de face qui
remplacent avantageusement les quatre étroites galeries
périphériques précédentes. Aujourd’hui encore, le Théâtre des
Galeries attire un public nombreux et sa fameuse Revue attire
toujours la grande foule.
La Taverne du Passage
est un des restaurants préférés des gastronomes bruxellois. Sa
cave à vin est l’une des mieux fournies de la capitale et son
intérieur Art Déco, dû à l’architecte Léon Govaerts, celui-là
même qui réalisa la maison Van Buuren à Uccle, est remarquablement
préservé.
Il faut s’arrêter
à la Ganterie Italienne. Fondée en 1890 par une gantière
originaire de Naples, elle est tenue aujourd’hui par son
petit-neveu qui perpétue un métier authentique dans un cadre qui
n’a pas bougé depuis son ouverture.
La Librairie Tropismes, active depuis 1984, a conservé en grande partie les décors de pilastres et de miroirs du Café des Princes, ouvert en 1886. Même s’ils s’y trouvent parfois à l’étroit, les amateurs de bons livres s’y pressent sachant qu’ils y recevront de vrais conseils littéraires.
La Librairie Tropismes, active depuis 1984, a conservé en grande partie les décors de pilastres et de miroirs du Café des Princes, ouvert en 1886. Même s’ils s’y trouvent parfois à l’étroit, les amateurs de bons livres s’y pressent sachant qu’ils y recevront de vrais conseils littéraires.
Classées Monument
Historique par Arrêté Royal le 19 novembre 1986, les Galeries
Royales Saint-Hubert continuent de remplir leur fonction d’origine,
à la fois sociale, urbaine, économique et culturelle. Les commerces
de luxe y côtoient toujours les restaurants théâtres et
appartements privés. Lieu de promenade adulé, elles accueillent
depuis peu le Musée des Lettres et Manuscrits où ont lieu régulièrement des expositions ayant trait à la littérature.
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