Elles ne craignent ni la pluie, ni le gel. Elles sont vertes, joliment dessinées et sont les balises de touristes en vadrouille ou de bruxellois curieux. Elles racontent l’histoire d’une maison, d’un quartier, d’un artiste. Elles sont la fierté d’une petite entreprise bruxelloise, l’Emaillerie Belge qui mérite d’être mieux connue. Découvrons-la ensemble.
L’Emaillerie
Belge est une entreprise artisanale
créée en 1921 et installée depuis 1923 à
Molenbeek, près de la Gare de l’Ouest.
Nous sommes en plein entre-deux-guerres, le
niveau de vie augmente, les marques commerciales font de plus en plus
appel à la publicité pour asseoir leur notoriété. C’est l’âge
d’or de la plaque publicitaire émaillée. Deux grandes émailleries
se partagent la presque totalité du marché : les émailleries de
Koekelberg et l’Emaillerie Belge. Après la guerre 40-45, la plaque
émaillée connaît un nouveau succès. Mais celui-ci ne durera pas
puisque, dans les années 70, elle tend à disparaître. L’Emaillerie
Belge contrairement à sa consœur va pouvoir continuer son activité,
s’étant entre temps spécialisée dans l’émaillage d’objets
domestiques (baignoires, éviers, cuisinières, etc.).
En
1992, l’arrivée de Benoît d’Ydewalle marque une nouvelle étape
dans l’histoire de la société. Cet entrepreneur est séduit par
le talent des hommes et des femmes qui travaillent dans l’entreprise.
Ce sont des orfèvres, il va leur proposer de réaliser de véritables
œuvres d’art. Le renouveau va venir avec la création de plaques
tirées des albums de BD et l’audace d’aller chercher des marchés
en signalétique à Paris (RATP). Dans les reproductions de BD, la
fidélité au dessin original, le rendu parfait des couleurs, la
luminosité de ces pièces uniques ou du moins fabriquées en très
petite quantité va tout de suite séduire les experts. Un contrat
d’exclusivité est signé avec Dargaud-Lombard,
une des plus grandes maisons d’édition
de BD.
L’Emaillerie
Belge vient de réussir un coup de maître.
Elle retrouve la place qui était la sienne avant-guerre : la
première. De nouveaux contrats arrivent. L’habillage de plusieurs
stations de métro à Paris. La signalétique touristique de Laon. La
reconnaissance internationale est au rendez-vous. Même les égyptiens
viendront à Bruxelles pour commander les plaques du métro du Caire.
L’entreprise a une priorité absolue, la
qualité. C’est sa marque de fabrique.
Rançon de la gloire, l’entreprise doit faire face à un nouveau
défi : des faussaires n’hésitent pas à mettre sur le marché
des pièces de piètre qualité estampillées « Emaillerie
Belge ». Fabriquées on ne sait où, la différence est
perceptible au premier coup d’œil. Couleurs plus ternes,
fragilité, et surtout une faible résistance aux diverses
agressions.
L’acier
émaillé de l’Emaillerie Belge est
pratiquement inaltérable. C’est le matériau idéal à utiliser
pour la signalétique dans les lieux et transports publics. L’émail
ne requiert pas d’entretien. C’est un matériau extrêmement
durable qui ne doit pas être remplacé.
Les couleurs d’une surface émaillée ne s’altèrent pas avec la
chaleur ni les rayons UV. Une surface
émaillée ne peut pas être éraflée par des brosses très dures,
des couteaux ou autre objet pointu.
Personne
ne peut rester indifférent devant l’émail.
Lui seul peut donner autant d’éclat à la couleur. Il est lisse,
il donne l’envie d’être effleuré, caressé des doigts. Nombreux
sont les artistes qui veulent travailler avec l’Emaillerie Belge.
La sérigraphie permet toutes les audaces. Les dessinateurs, comme
les photographes ou les plasticiens ne s’en privent pas. Ils savent
que l’œuvre qu’ils auront créée sera éternelle. Ou presque.
Si
l’envie vous prend de mieux connaître cet art et ceux qui le
pratiquent, n’hésitez pas. Il vous suffit de prendre rendez-vous.
Régulièrement, la manufacture ouvre ses portes pour une visite qui
vaut vraiment le déplacement.